jeudi 27 mars 2008

Vendredi 8 Février

Ah! Pas si calme cette guest house entourée de verdure! Les maudits emplumés nous ont réveillés au lever du jour. Mais quel plaisir, malgré la fraîcheur de l'heure matinale, de déjeuner dans ce beau jardin, d'un délicieux thé au jasmin, premier vrai thé de notre séjour.

Avant neuf heures notre chauffeur vient nous chercher. Il nous annonce qu'il nous offrira le repas de midi car il a un troisième client, italien. Nous prenons Julio à son hôtel et en route vers les villages montagnards. Notre première visite sera chez les Akhas, où l'on ne verra du village que les étalages proposés aux touristes. Les enfants nous harcèlent, nous demandant d'échanger des monnaies étrangères contre des baths, qu'ils nous reprendront plus tard contre la permission de les photographier! Les femmes nous sourient de toutes leurs dents noircies par le bétel. Nous fuyons devant cette population qui ne nous lâche pas d'une semelle.

Au village Lao, nous trouvons un autre comportement. On ne cherche pas à vendre à tout prix. Nous y retrouvons une Thaïlandaise croisée dans le bus d'hier, toute heureuse de nous retrouver là. Elle est venue rendre visite à sa tante. La tenue Lao: veste et turban noirs sur un pantalon très richement brodé, avec, autour du cou, un col tel une longue chenille rouge vif. Une femme nous fait admirer son lourd collier d'argent massif, d'une grande pureté de ligne. Le nom de sa famille est inscrit dessus, en chinois, nous semble-t-il. Les parents l'offrent, gravé, aux filles ayant atteint douze ans et elles ne le quittent plus. Cet ornement fait partie d'elles et elles n'en ressentent plus le poids.

Les Lisus, ici voisins des Laos, sont habillés d'une robe bleu clair, avec large ceinture et manches rouges, turban et gilet noir enrichi de parements d'argent. Ce matin, les deux groupes amis dansent ensemble à l'occasion du dernier jour de fête du nouvel an chinois. La plupart de ces ethnies viennent de Chine et ont gardé leurs traditions d'origine. La musique est très primitive avec des instruments qui, à nos oreilles, semblent désaccordés. L'un des musiciens "joue" de son poste de radio…

Nous voici maintenant sur une colline qui domine une ville frontière avec le Laos, au temple du Scorpion. Jimmy, notre chauffeur interprète, nous dépose ensuite à une "jet factory". Bizarre! Il s'agit en fait d'un atelier de taille du jade. L'hôtesse nous explique très rapidement la valeur des pierres selon leur taille, leur couleur, leur pureté. Puis elle nous entraîne au magasin et essaye de persuader Lucile d'acheter quelque bijou car le jade, porte bonheur, lui sied à ravir, ou bien préfère-t-elle quelques rubis ou saphirs, n'est-ce pas, Richard?

Mais Richard ne pense qu'au livre qu'il vient de terminer: "la vallée des rubis" de Kessel, et demande à voir un rubis étoilé, formation naturelle et rare, qui fait comme une lueur au cœur de la pierre. Il arrive souvent que la taille détruise ce phénomène. L'hôtesse n'en a rien à cirer, elle veut fourguer sa camelote!

Alors nous allons déjeuner: buffet à volonté. Un second tour au self pour les desserts. Ici, légumes (tomates, concombres, chou cru) et fruits se côtoient. Lucile opte pour des gâteaux et de l'ananas, et un bol d'un liquide blanc sucré, du lait de soja probablement, où nagent des morceaux gélatineux et insipides de toutes tailles, aux belles couleurs artificielles: vert, rouge, noir.

Nous descendons vers le Mékong, à Chiang Sean, au Nord Ouest de la Birmanie et au Nord Est du Laos. A cent soixante kilomètres au Nord, en amont du fleuve, c'est la Chine, au pied de l'Himalaya.

Là encore déception. Notre descente de deux heures sur le fleuve se réduit à une demie heure aller et autant retour, avec une heure de shopping sur une île laotienne qui attend les touristes de pied ferme. Notre légère embarcation à fond plat file comme un hors bord et frappe violemment l'eau. Nous avons des gilets de sauvetage, indispensables vu la vitesse.

Pour le folklore, nous achetons une bouteille avec un petit naja noyé dans l'alcool de sa dernière ivresse. Certains touristes ont goûté à cette liqueur, mais nous sommes arrivés trop tard et la distribution est terminée.

Il est temps de reprendre le taxi pour retourner à Chiang Raï. Mais Richard obtient que nous nous arrêtions visiter un dernier temple. A l'intérieur du mur d'enceinte surmonté de personnages en prière ou en méditation, nous photographions un grand stupa de briques rouges et les tecks s'élevant à perte de vue.



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