jeudi 27 mars 2008

Jeudi 7 Février

Hier soir est arrivée à la Guest house, une jeune Française qui fait un tour du monde en un an, formule proposée pour un forfait de deux mille euros, comprenant uniquement les vols de continent à continent. Elle en est à son huitième mois de voyage et doit serrer son budget qui était de six mille euros au départ. Elle a travaillé, pour gagner un peu d'argent, lors de son passage en Australie. Nous la croisons ce matin au moment du départ. Elle nous enverra l'adresse de son blog. En fréquentant les points Internet, nous avons remarqué que cette coutume d'écrire son blog en direct, en y ajoutant des photos, s'est généralisée chez les jeunes Européens.

Donc, bus pour Chiang Raï. Occasion de découvrir une version thaïe d'un de nos célèbres dictons qui devient ici: "quand il y en a pour dix, il y en a pour cinquante". En effet, partis de Nan avec quinze personnes à bord, quelques arrêts plus loin, la coursive est pleine de gens, adultes, enfants, de bagages, sacs, paquets, ballots, paniers. Nous nous tassons sur nos sièges pour qu'une jeune femme puisse y poser une fesse. Et nous serons bientôt quatre sur la banquette dont l'accoudoir accueille un dernier postérieur. Après quatre heures de route sinueuse, nous faisons une halte de dix minutes à Chiang Kam. Course aux toilettes et au repas. Richard achète deux grosses andouillettes grillées qui se révèlent être un mélange savoureux de riz et d'aromates.

A la gare routière de Chiang Raï, nous prenons un tuk tuk qui nous mène à la très jolie pension que nous avions choisie un peu au hasard. Elle est située au fond d'un soï (ruelle) sans issue, dans un nid de verdure très tranquille et pourtant central. La chambre est très agréable, spacieuse, les meubles neufs, une armoire de rangement, une petite table et deux fauteuils, une grande coiffeuse. Les portes à moustiquaire donnent sur le jardin. Notre hôtesse souriante nous trouve rapidement notre balade sur le Mékong. Ce sera pour demain, avec la visite de deux villages d'ethnies émigrées de Chine.

Nous voici en ville à la recherche du musée signalé par le guide. Les élèves d'un collège sont incapables de nous renseigner, ne comprenant pas notre demande. Nous continuons notre chemin et nous mettons tous nos espoirs en deux fringants policiers, occupés à régler la circulation avec importance et avec leurs indispensables et stridents sifflets. Nous les détournons de leur tâche pour leur montrer le plan de la ville. Ils le tournent en tous sens, incapables de se repérer. Ils se grattent la tête et c'est alors que Lucile retrouve le mot miracle: Pipitapan, c'est-à-dire musée. Ils ne sont pas plus avancés pour autant. Mais deux passantes qui ont assisté à la scène renseignent les policiers qui nous renseignent à leur tour. Ce n'est qu'à vingt mètres de là!

Nous parcourons les pièces du musée, regardant les photos, déchiffrant les textes en anglais, quand deux hôtesses nous proposent une petite vidéo en français. Reposant! Nous apprenons la difficulté de vie des paysans des montagnes. Le gouvernement lutte impitoyablement contre la culture du pavot qui faisait la richesse du Triangle d'or. De plus, ces populations nomades brûlaient les terres à la fin des récoltes, se souciant peu de stériliser le sol qu'ils quittaient. Le gouvernement, pour des raisons écologiques, les en empêche et les aide par des subventions. Devenus sédentaires, ces ethnies vivent de leurs cultures et surtout de la vente de leur productions artisanales: broderies, tissages et bijoux vendus aux touristes que les agences de voyage amènent jusque dans les villages d'altitude.
Ce musée présente justement ce genre de produits, et nous y achetons une très belle pièce tissée main
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Nous allons ensuite au marché de nuit, espérant grignoter sur un coin de table. Beaucoup trop de touristes, beaucoup trop de restaurants aux hôtesses trop souriantes. Nous trouvons une marchande de rue et sa cuisine ambulante. Nous nous asseyons sur la seule table: une cuisse de poulet grillée avec un accompagnement minable. Pour nous consoler, nous lui achetons un petit sachet de beignets à l'air appétissant. Horreur, ce sont des morceaux de gras de cochon en friture. Ecoeurant !

Cinquante mètres plus loin, nous tombons sur une grande place encadrée de stands offrant tous les plats possibles aux centaines de tables qui en occupent le centre. Pour se rincer la goule de toute cette fadeur, nous prenons deux grandes portions de fruits frais au piment en nous promettant d'y revenir demain pour dîner.

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