jeudi 27 mars 2008

Mercredi 6 Février

Nous partons ce matin à pied jusqu'au Wat Phra That Chae Haeng, qui se trouve à environ trois kilomètres de la ville. Cela s'avère pénible. Passée la rivière, c'est la route toute droite. Mais il nous faut des toilettes, trop bu de thé. Près de ce qui semble un marché, presque désert, la Thaïlandaise à qui nous nous adressons en anglais, ne nous comprend pas. Alors Lucile utilise le langage international: mains pressées sur le bas-ventre, levant légèrement une jambe, grimaçant et se dandinant. Avec des rires, on nous oriente vers une cabane en tôle au fond d'un terrain herbeux…

La marche reprend. Nous achetons des oranges sur le bord du chemin. Il fait de plus en plus chaud. Soudain, une voiture venant en sens inverse s'arrête, fait demi-tour, et la conductrice nous invite avec insistance à monter pour faire le reste du trajet jusqu'au temple.

Ce wat, le plus important et le plus ancien de la province, est construit sur une petite colline. De style thaï-lu, le bôt, bâtiment qui abrite un grand bouddha assis, date du 14ème siècle. Le chédi, recouvert de feuilles d'or, de style lanna, brille de tous ses feux au soleil brûlant. Nous marchons à l'ombre de la galerie, pieds nus sur le carrelage frais. Les murs blancs blessent nos yeux par leur intense luminosité. Ailleurs, un bâtiment tout de bois rouge, abrite plusieurs sculptures. Mais pourquoi celle d'un lapin? Nous en verrons plusieurs fois la représentation. C'est, nous dira-t-on, l'année de naissance du roi. En France, nous parlons de l'année du chat, en Asie, on parle de l'année du lapin.

Ce qui frappe ici, c'est l'ampleur de cet espace, de ces jardins où se dressent divers monuments religieux.

Pour rentrer, nous demandons s'il y a des taxis. On nous oriente vers un bâtiment. Il s'agit du poste de police et là, nous reposons notre question. Alors, très obligeamment, on met à notre disposition un beau véhicule climatisé, avec trois policiers en uniforme, souriants, qui nous raccompagnent en ville. Nous n'avions jamais utilisé encore ce moyen de transport. "Kapun ka! Sowasdee ka!"

Reposés, nous continuons nos visites touristiques. C'est le Wat Phumin (on prononce Pumin, le h ne sert pas). Ce temple a cela d'unique qu'il est cruciforme. Deux najas encadrent l'entrée Nord, leur queue ressortant par la porte Sud. L'intérieur est, comme presque toujours, entièrement décoré: grandes fresques naïves sur les murs latéraux, piliers et charpentes rouges et or et une élégante chaire sculptée où un serpent de bois doré se coule le long des marches. Au centre, d'un seul bloc, quatre bouddhas assis épaule contre épaule, font face aux entrées.

Dehors, un mur blanc surmonté toujours de ce fameux naja, est percé d'une porte basse. Derrière, un petit bâtiment cylindrique au toit en dôme. Intrigués, nous y pénétrons. L'intérieur est très sombre. Petit à petit nos yeux s'adaptent à la pénombre et découvrent avec stupeur des scènes d'horreur et de torture dignes du pire des enfers. On y découpe, on y arrache, on y scie, on y cuit, sous l'œil d'une sorte d'ange accroché au plafond. Certains de ces personnages sculptés ont des corps humains et des têtes d'animaux, coqs, vaches, cochons. Très inquiétant! Nous n'avions vu jusqu'à présent que des scènes paisibles et sereines. La surprise nous glace. Nous frissonnons de froid réel après la chaleur du jardin extérieur.

A Nan, ville en dehors des circuits touristiques, il est moins aisé de manger dans la rue, les échoppes sont rares. Nous retournons donc manger dans notre petit restaurant où nous prenons nos habitudes. La patronne, d'origine chinoise, charmante et souriante, vient volontiers discuter avec nous. Elle propose cuisine chinoise ou thaïe, végétarienne ou non. Nous nous en remettons à elle pour un plat surprise. Quelqu'un éternue violemment dans le coin cuisine, puis ce sont nos voisins. Et nous arrive cet invisible nuage d'épices et de piment qui nous prend à la gorge et nous suffoque. Le plat arrive, délicieux, mais nous sommes en feu. Lucile a l'impression d'avoir des lèvres pulpeuses.

Nous organisons l'après midi notre départ pour Chiang Raï avec réservation par téléphone d'une pension. Puis, petit tour dans les magasins. Nous trouvons un pantalon thaï bleu de Chine, que Nathalie nous a commandé. Voici une librairie à laquelle Lucile ne peut résister. Pourtant nous savons bien que nous ne pourrons rien comprendre des livres proposés. Mais au troisième étage, nous voici dans les affiches, planches et posters par centaines, par milliers. Nous sommes sous les toits et il fait une chaleur épouvantable. Mais devant deux ventilateurs, nous feuilletons quatre immenses volumes avec les vignettes d'affiches offertes. Il y a de tout. Cela nous amuse et soudain, voilà de jolies figures mythologiques, masques et démons. Nous en choisissons trois pour un prix dérisoire.

Chez notre amie chinoise, nous retournons dîner d'un poulet au curry vert. En dessert nous goûtons des quartiers de "rose apple" avec le mélange que nous avons décidément adopté, de sucre, sel, piment. Une petite photo souvenir que nous lui enverrons de France.

Au retour, nous nous arrêtons une dernière fois pour admirer la dextérité de nos joueurs de Tà Glaw. Ce soir le jeu est serré, les contres au filet fréquents et les joueurs, au mieux de leur forme, sont excités, en nage, et joyeux.

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