jeudi 27 mars 2008

Vendredi 15 Février

Mauvaise nuit. La cité est bruyante. Finie la quiétude des petites villes de montagne, aux soirées paisibles.

Levés à six heures, nous avons du mal à trouver un bar ouvert pour déjeuner. C'est curieux comme les bars de nuit rechignent à ouvrir tôt. Pourquoi ferment-ils d'ailleurs? Anong, déjà levée, passe le plumeau sur son fier destrier.

Comme prévu, à huit heures, le guide vient nous chercher. En effet, nous partons ce matin pour le parc national de Doï Inthanon, sommet de la Thaïlande. Doï signifie "colline". De l'entrée du parc au sommet, quarante deux kilomètres de virages et lacets où Richard a, enfin, l'occasion de régler son altimètre. Au programme: deux cascades, un village karen, et les deux grandes pagodes érigées un peu en deçà du sommet et qui dominent d'immenses panoramas, malheureusement toujours un peu brumeux.

Notre guide est sympathique, a de l'humour et parle un peu français. Par contre, son anglais nous est difficile à comprendre. Le chauffeur est muet comme une carpe. Dans le minibus, un couple d'Américains de Sacramento, en Californie, dont la jeune femme parle espagnol, un couple de Danois avec deux grandes perches maladroites de garçons aussi filiformes que timides, un couple Thaï Européen et enfin un Français de Fréjus, Henri, randonneur, qui fréquente le pays depuis vingt-deux ans.

Au repas de midi, correct mais fade, repas pour touristes, nous sommes les seuls à ajouter du piment. Au dessert, nous faisons notre show. On nous sert, en effet, des fruits frais et Lucile demande le fameux assaisonnement auquel nous avons pris goût. Faute d'en obtenir, Richard fait son petit mélange et force un peu la main à chacun des convives, obtenant un grand succès. Tous sont surpris puis ravis. Les Européens semblent très rarement oser manger la cuisine locale, craignant énormément les complications intestinales. Henri lui-même ne connaissait pas, et, prudent, n'utilise toujours pas l'eau du robinet pour se laver les dents.

Les cascades sont magnifiques et nous les mitraillons comme tout le monde. Notre guide nous laisse prendre notre temps ce qui semble assez exceptionnel si l'on songe aux autres journées touristiques que nous avons connues.



La visite au village karen est intéressante. Ici, ce n'est pas la ruée pour nous vendre à tous prix quelque article. Nous nous promenons dans les ruelles en terre battue, suivis par les chiens dont nous avons interrompu la sieste et sous le regard des enfants.

Les hommes continuent leurs travaux sans s'occuper de nous. Le coin, d'ailleurs, est assez désert. Nous
écoutons les explications, observons les cultures, bien sèches en ce moment, qui s'étagent sur les pentes, et où paissent quelques vaches maigres. Puis nous allons voir l'atelier de tissage des femmes. Elles travaillent toutes rassemblées dans cette hutte, assises en tailleur sur une estrade un peu élevée. Notre guide traduit nos questions et les réponses. Tout autour, sur les murs de bambous, des vêtements bigarrés tapissent le lieu comme de riches tentures. Ponchos, robes longues, châles, écharpes en coton et en soie. Tout est magnifique et nombreux sont nos compagnons qui succombent au plaisir d'acheter.

Au sommet, il fait froid et venteux. Mais nous avions prévu des polaires ou des vestes. Nous sommes à 2665 mètres dans les nuages. De magnifiques rhododendrons rouges et blancs, en buissons, poussent, sauvages, un peu partout. Sous un auvent, des planches nous montrent toute la faune ornithologique que nous pourrions découvrir. Mais nous n'aurons que quelques chants qui percent le brouillard.

Sur deux hauteurs, la pagode du roi et celle de la reine se font face. Ce sont des bâtiments modernes dont l'un est encore en construction. Nous y accédons par de grands escaliers. Un tapis roulant, sous son tunnel vitré, va bientôt être mis en service. Tout en haut, des massifs de fleurs trop bien ordonnés, bordent le sentier où nous circulons à nos risques et périls.

Plus loin, en repartant, nous nous offrons une boisson chaude, dans une baraque. Il s'agit d'un mélange à base de gingembre soluble que l'on dose et sucre à sa convenance. Nous nous promettons d'en rapporter en France. C'est seulement en tapant le carnet de voyage que nous constatons cet oubli impardonnable. Tant pis, nous y retournerons…


De retour à Chiang Maï, nous allons, après une douche rapide, consulter nos messages. Quel plaisir de découvrir ces quelques mots chaleureux de nos amis qui, de l'autre bout du monde, suivent les pointillés, un peu flous pour eux, de nos pérégrinations.

A pied, nous voici flânant en direction du marché de nuit. Halte obligée dans une boutique ou, l'an passé, nous avions trouvé de si beaux bijoux en argent et corail. La marchande est la même. S'occupant d'un couple qui achète de belles étoles de soie, elle n'accorde aucune attention aux autres qui tripotent, essaient et reposent divers objets, tous à portée de main. Une jeune femme entre, prend deux objets et ressort. Est-ce la boutique d'à côté, tout à fait semblable, qui vient se dépanner? Le vol semble ne pas être dans la mentalité du pays.

Le marché de nuit se révèle bien calme au regard de l'an dernier. Nous y retrouvons "notre" restaurant, aux tables un peu vides, qui nous sert un repas correct mais sans plus. Nous avons connu les sommets de la cuisine locale et sans doute sommes-nous un peu blasés. Quoique, en ajoutant du piment, tiens encore un peu, le goût se révèle plus précis et subtil.

Sur le trajet de retour, nous nous arrêtons au Wat Bupparam, toujours aussi séduisant, tant par la richesse de ses décorations que celle de ses couleurs. Nous retrouvons avec amusement tous ces charmants animaux en terre cuite, sur les murets qui enserrent, ô surprise, tout un "Disneyland" avec Donald et divers autres personnages incongrus en ce lieu.

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