jeudi 27 mars 2008

Mercredi 23 Janvier


Voilà, c'est décidé, Lucile étant malade, nous n'irons pas à Angkor, le voyage très pénible lui est vivement déconseillé.

Nous restons donc une journée de plus à Lopburi, d'autant que Nana est libre aujourd'hui. Vers dix heures nous partons ensemble au palais du roi Naraï. Elle nous conte la légende de la naissance de la ville: "Vishnu avait dans son armée des singes. Pour remercier leur chef de la victoire, il leur offrit un lieu où s'installer. Tirant une flèche de son carquois, il banda son arc et l'envoya au hasard. L'endroit où elle tomberait leur appartiendrait. C'est ainsi que naquit Lopburi où un temple est consacré et offert aux singes. Une fois par an la ville entière leur offre un gigantesque festin." Cela n'empêche pas qu'il faut endiguer leur flot malveillant. Aujourd'hui, il fait moins chaud et ils sont sortis de l'ombre. Nous voyons l'un d'eux agresser une passante. A l'entrée de certains magasins, on place un de leurs prédateurs, crocodile en peluche ou en céramique, pour les effrayer. Les antennes de télé sont protégées par un cône métallique sur leur mât, les façades des immeubles par des grilles jusqu'au dernier étage. Lance-pierres et badines servent à les chasser.

Aujourd'hui, nous remarquons que les salons de coiffure sont fermés: "Le mercredi est un mauvais jour pour se faire couper les cheveux", nous précise Nana.

Nous retrouvons le palais du Roi Naraï avec plaisir, ses grands espaces herbeux, ses bancs à l'ombre des arbres millénaires, son bouddha khmer, coup de cœur de l'an passé. Le palais est entouré de trois enceintes dont l'une délimitait l'espace réservé aux éléphants. Chacun avait son bâtiment et ses serviteurs, trente au minimum, une centaine pour les éléphants royaux.

Nous déjeunons avec Chit qui nous a rejoint, dans une petite gargote, qui ne paye pas de mine mais dont les plats sont délicieux: soupe pour Richard et Pat Wum Sen, vermicelles chinois sautés pour Lucile. (Pat = sauté, Wum = vermicelles et Sen = chinois.)

Après une courte sieste, nous partons tous les quatre dans le pick-up de Chit vers un but inconnu. "Surprise!" dit Nana avec un sourire. Nous faisons une halte au magasin de "matmee" dont il était question dans le sketch des étudiants. Ce tissage à la main, de coton ou de soie, est particulier à Lopburi. Nous en choisissons un, sobre, noir et gris, aux motifs géométriques simples. Reprenant la route, après une quarantaine de kilomètres, nous découvrons l'immense barrage de Pasak Chonlasi que fit construire le roi actuel il y a quelques années. Ce barrage alimente toute la province de Lopburi. Tout à l'entour est paysagé: jardins, stèles, massifs. Quelques boutiques où Nana court s'acheter une nouvelle ombrelle décorée de tournesol, le symbole de la province. Aux dernières lueurs du jour, nous nous promenons au bord de cette immense étendue d'eau destinée à l'irrigation. Quelques photos avant le coucher du soleil, dont l'une de la rivière en feu, avec les arbres en ombres chinoises. Puis nous allons manger.

L'avantage d'être avec Suwanna c'est qu'elle connaît les bons restaurants et les meilleurs plats. Ce soir trois plats sont à l'honneur, dont nous nous servons à notre guise et dans l'ordre qui nous chante. Mais tout d'abord notre amie, comme à l'accoutumée, essuie soigneusement assiettes et couverts. Nous avons remarqué que la première bouchée est toujours de riz blanc, seul. On mange avec la cuillère, la fourchette servant à pousser et parfois à couper. Il est rare qu'on nous propose des baguettes. Nous savourons une soupe avec des morceaux de poisson, des champignons "de paille", de la citronnelle; un énorme poisson cuit dans une couche de gros sel et entouré d'une feuille de bananier. Le meilleur à notre goût c'est la crevette, car il n'y en a qu'une mais de vingt centimètres, antennes et pattes non comprises, coupées en quatre, avec oignon et céleris craquant, cuits sur la braise et généreusement assaisonnés de grains de poivre noir. Habituellement ce plat comporte du piment, mais Nana a demandé : Maï saï prik. Formule que nous savons maintenant par cœur et qui nous sauvera plusieurs fois la vie…

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