jeudi 27 mars 2008

Jeudi 24 Janvier

Nous bouclons nos valises. Dix minutes avant notre départ à pied à la gare, Nana nous rejoint avec une dizaine d'étudiantes. Toutes sont en minijupes et talons hauts, charmantes et maquillées. Mais nous savons que deux d'entre "elles" sont des garçons, des ladies boys. Elle nous a expliqué que cet habillement chez les homosexuels est accepté. Certains professeurs ont cependant du mal et se montrent hostiles. Notre amie, quant à elle, ne regarde que le travail scolaire. Elle exige malgré tout que les garçons parlent d'eux au masculin, en accord avec leur carte d'étudiant qui les définit ainsi. En tous cas, il y a un grand naturel dans l'attitude de leurs camarades et des professeurs à leur égard. Nous embrassons chaleureusement notre amie, que nous espérons revoir à Bangkok ce week end, car, ce matin, nouveau changement de programme: nous irons à Angkor. Lucile commence à émerger de son état fiévreux et nous avons décidé d'affronter la journée de bus, cinq heures pour cent cinquante kilomètres de mauvaise piste dans la chaleur étouffante. L'occasion ne se représentera sans doute plus, pour Lucile, de marcher dans les pas de son père.

Voici le train, express où, comme l'an dernier, un employé promène sa serpillière toutes les demi heures. Deux couples de jeunes Français sont dans notre wagon. Forts de nos acquis, nous leur déversons quelques informations. Le déjeuner se déroule sans façon dans le train: poulet frit et riz collant en guise de pain. Mais une bonne surprise nous attend au dessert. Nous achetons des quartiers de pamplemousses bien épluchés et épépinés, que l'on trempe dans un petit sachet contenant un mélange de sucre, sel et piment. EXCELLENT.

Le paysage défile, toujours aussi plat. Nous lisons. Lucile attaque son troisième livre depuis Paris.

Phitsanulok. Nous nous rendons à pied, en habitués, au même hôtel que l'an dernier. Une bonne douche, un peu de lessive dans le lavabo, un peu de repos pour laisser passer les heures les plus chaudes. Et nous allons retrouver Rangsee, notre charmant guide de 2007. Fort heureusement ce n'est pas trop loin. Nous avons tout de même tourné en rond, montrant plusieurs fois l'adresse en thaï aux passants. Et puis, entre de vieux bâtiments, voici son restaurant flambant neuf, égayé d'une petite terrasse et qui porte le même nom que celui que nous avons connu: Connection.

Rangsee nous attendait, prévenu par un coup de fil de Nana. Il nous introduit dans une salle claire et moderne, aux belles couleurs pêche, jaune paille, orange, rouille, et brun foncé avec de grandes fleurs remplissant tout un mur et rappelant les tapisseries glissées sous les plateaux de verre des tables. Motifs élégants et légers, que nous retrouvons sur les menus et dans les toilettes aux murs de béton brut. Tout est, ici, pensé par un "designer", chaque détail est soigné. Notre ami est toujours le même, peut-être plus mince encore. Il court partout, se déplaçant à vélo pour son marché matinal où il entasse sur une petite remorque les produits frais du jour. Nous bavardons un peu et apprenons qu'en dehors du thaï et de l'anglais, il parle un peu japonais et compte étudier le chinois qui le fascine. Il s'intéresse à l'économie et à la finance, sa formation d'origine. Il projette de monter un second restaurant et peut-être même une pâtisserie, Pussita, sa compagne, étant une excellente cuisinière. Elle nous honore d'un menu spécialement conçu pour nous. En entrée de petites bouchées, tomates, oignons, porc haché et noix concassées, plat créé pour la famille royale. La présentation est recherchée, esthétique. Deuxième plat, des beignets fourrés de poisson et enfin du riz avec des crevettes et des petits légumes.

A la fermeture du restaurant, Rangsee nous conduit en voiture dans un parc où devait avoir lieu un grand festival. Mais seuls les stands forains sont là. En effet le deuil national pour la mort de la princesse a annulé toutes les réjouissances de l'année. Parcourant l'immense foire, Rangsee se montre aussi badaud que nous. Il nous fait découvrir des graines plates et grillées qui, une fois pelées, sont délicieuses. Mais ce soir notre coup de cœur gustatif ira à l'intérieur d'un sommet de cocotier cuit à l'étouffée dans une feuille fermée par des épines. Richard s'essaie au lance-pierre sur un stand pour renverser des boîtes de conserves. Mais il ne faut faire tomber que celle du dessus, il ne gagnera pas de peluche géante!

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