jeudi 27 mars 2008

Mardi 12 Février

Ce matin, promenade au marché. Il s'agit d'un vrai marché qui s'adresse moins aux touristes que le bazar de nuit. En effet, on n'y voit très peu d'Européens, si ce n'est nous deux qui enfilons les diverses ruelles de cette immense halle. Nous y trouvons comme toujours des quartiers: celui des viandes, des poissons, des légumes, des épices, quincailleries et marchands de tissus. Celui-ci est beaucoup plus tranquille que celui que nous avons parcouru à Bangkok. Faisant leurs courses, des femmes en sarong et chemisier, chapeau conique en paille, semblent en tenue de fête. Nous les retrouverons plus tard, dans la rue, défilant en un long serpent multicolore, portant des bols ou plutôt des chaudrons à offrandes, précédées de camionnettes ornées de drapeaux et pleines à craquer. Nous ne saurons pas la raison de cette procession interminable et silencieuse qui s'éloigne de nous.

Nous quittons le marché avec un kilo d'oranges pour quelques bahts. Ces fruits sont indubitablement les anciennes mandarines que nous mangions autrefois et qui ont aujourd'hui disparu de chez nous. Leur goût délicieux est bien reconnaissable, affirme Lucile qui se souvient du plaisir de débroder les quartiers en en tirant tous les fils secs et blancs.

Non loin de là, se trouve le Wat Hua Wiang, dont le vieux bôt renferme un bouddha de bronze de style Mandalay. Toujours ces superpositions de coiffes métalliques en fines et légères dentelles sur l'enchevêtrement des toits pentus et courbes. Ce temple, comme presque tous ici est ouvert aux quatre vents. Il nous faut seulement déposer nos chaussures sur les marches de bois qui y mènent, puis parcourir ce vaste espace sur un plancher verni, doux à nos pieds nus. Dehors, des chiens et des chiots jouent dans la terre fraîchement retournée par les jeunes bonzes jardiniers, tandis que des chats maigres accompagnent notre promenade de leurs miaulements rauques.

Nous rentrons à la pension faire une sieste, sacrifiant à la coutume locale. Nous sommes en effet surpris par la chaleur, nous espérions trouver plus de fraîcheur dans ces montagnes du Nord.

Quelques heures plus tard, douchés et vêtus de frais, nous optons pour une promenade à la campagne. A quelques centaines de mètres vers l'extérieur de la ville, la jungle somptueuse est là, envahissant même les jardins et offrant à nos yeux étonnés noix de coco et régimes de bananes.

Sur la route qui nous a menés à Mae Hong Son, du bus, nous avons vus de grandes étendues de feuilles qui séchaient au soleil. Nous en comprenons l'utilisation. En effet nous rencontrons de nombreuses maisons aux toits couverts de ces feuilles clouées en bandes sur la charpente.


En habitués, nous retrouvons le marché de nuit sur les bords du lac. Au centre de celui-ci, un petit monument avec une immense photo du roi, est éclairé par de puissants projecteurs verts. Très kitch! La musique ce soir est partout, diffusée par des hauts parleurs accrochés aux poteaux électriques. Musique sentimentale et sirupeuse. La nuit est maintenant tombée et nous faisons notre marché pour le repas du soir. Les sacs plastiques s'accumulent au bout de nos doigts: fruits, bien sûr, dont ce fameux tamarin utilisé comme laxatif chez nous, beignets de papaye et une salade que nous avons demandée sans trop de prik, ou chili, ou piment. C'est un mélange fantastique de chair de poulet hachée et frite, oignons, herbes, noix de cajou broyées, citron et d'autres ingrédients. Nous dégustons le tout sur les marches familières. Devant nous, sur des nattes, les tables basses accueillent les dîneurs assis en tailleur. Autour d'eux, de nous, traînent des chiens discrets en quête d'une offrande ou d'une bonne fortune. Un chat aussi qui, lui, utilise une autre tactique, se frottant et cajolant nos jambes. Une tape un peu sèche d'un Thaïlandais et le matou va chercher plus loin sa pitance. Nous terminons cette fameuse salade, tout de même trop épicée pour Lucile qui y renonce à regret. Richard n'y résiste pas, il le paiera dans la nuit, plié en deux sur son lit de douleurs. Nous saurons, moins d'un mois plus tard, de retour en France, qu'il s'agissait probablement d'un premier coup de sonnette de son appendice.

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