jeudi 27 mars 2008

Dimanche 10 Février

Les valises sont vite bouclées, la toilette sommaire. Nous réglons notre nuit et cherchons un petit déjeuner continental. Ce sera dans un joli restaurant près de la rivière que des passerelles de bambou enjambent. Le soleil, filtré par les arbres, dore la brume matinale et fumante qui monte de l'eau. Nous découvrons que Paï est un petit joyau, débarrassé de la gangue touristique. Mais ce n'est qu'un bref moment avant que ne reprenne son train infernal et mercantile. Quelques photos de ce calme que nous aurions aimé goûter, et nous filons.

Arrivés à la gare routière avec une demi-heure d'avance, le bus, le même qu'hier, avec le même chauffeur, est déjà presque plein. On nous propose de mettre les valises sur le toit, en montant à l'échelle. Devant notre ferme refus, nous avons trop en mémoire leur mésaventure au Cambodge, nous les entassons au fond du car avec sacs à dos et colis. Nous trouvons une place et demie pour nous deux, derrière le chauffeur, genoux collés au corps. Dès le départ, l'engin chauffe dans les montées et dégage un parfum d'huile chaude qui se glisse aisément par les fentes du plancher. Le chauffeur jette des coups d'œil inquiets à son levier de changement de vitesse, entouré d'un vieux chiffon et qui tient mal. Le trajet dure trois heures, avec des arrêts où montent encore des passagers avec bébés et grands paniers. On se tasse, on s'accroche où on peut. Il y a encore un contrôle de police, c'est le troisième pour nous depuis Bangkok. Ces postes de contrôle sont situés à chaque changement de district. Mais le mi-policier mi-soldat ne dépasse pas le seuil, déjà bien occupé, et se contente de scruter les passagers longuement.

Nous arrivons vers midi à Mae Hong Son. Un tuk tuk nous conduit à la pension, sommaire mais vaste et calme. En tous cas la ville a l'air tranquille et nous comptons nous y poser trois ou quatre jours.

Ici, peu de touristes. Nous sommes à cent mètres à peine du lac où se mirent deux très beaux temples, pagodes aux
toitures superposées. Peu de circulation également. Après une petite sieste, Richard va faire la réservation pour notre retour sur Chiang Maï, en minibus cette fois-ci, plus confortable et plus rapide. Lucile file à la laverie: 30 baths le kilo de linge qui sera prêt demain matin.

Ce soir, le marché de nuit s'est installé au bord de l'eau. Malgré les camelots et les badauds, l'endroit respire le calme et la tranquillité. On circule lentement, on regarde les étals: sacs, vêtements akhas et méos aux riches couleurs. Nous constatons, avec amusement, que les vendeurs s'empressent de passer les billets reçus sur tout l'étalage. Porte chance, superstition? Alors Richard, pour notre premier achat, frotte généreusement tous les articles présentés et obtient un franc rire du marchand.

Après avoir déambulé dans les rues qui bordent le lac, l'appétit nous vient. Nous allons voir les plats proposés et nous composons notre menu. Nous nous installons ensuite sur les marches d'un escalier au bord de l'eau. Les marchands ont disposé, à côté, sur des nattes, des tables basses pour accueillir plus souples que nous. Nous découvrons ce soir un délicieux dessert: la chair de tamarin, au sucre, sel et piment dont elle est imprégnée.

Près de nous l'enceinte du temple illuminé nous invite à franchir sa porte. Nous entrons donc et achetons notre offrande à de jeunes bonzes: il s'agit ici d'une montgolfière en papier de soie tendue d'un léger cercle à sa base, sur les rayons duquel est posée une grosse bougie de cire. Quelques minutes d'attente pour chauffer l'air et voici le ballon qui, imperceptiblement lâche nos doigts et s'élève doucement, monte dans la nuit étoilée, emportant nos vœux vers… C'est alors que nous découvrons, écuelle d'argent sur nappe de velours noir, la lune.

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