MERCREDI 31 JANVIER 2007 SUKHOTHAI

Notre nuit a souvent été interrompue par le chant des coqs. L'un chante clair, l'autre enroué.
Aujourd'hui, nous relouons des vélos et nous rendons à la poste, à quelques kilomètres de là, pour expédier nos cartes postales. Au guichet, deux ficelles pendent, l'une retenant un crayon, l'autre une paire de lunettes.

Nous rentrons, pour de nouvelles visites, ou mieux revoir ce que nous avons aimé et vu trop rapidement, comme ce Wat Chang Lom, aux éléphants, peu signalé et peu fréquenté, perdu dans la campagne. Sur le bord de la route, beaucoup de poules avec leurs poussins, qui n'ont pas l'air incommodés par la circulation incessante. Au temple, nous rencontrons deux cyclistes italiens, rien à voir avec ceux d'hier. Ils parcourent sportivement 1000 kilomètres de Thaïlande avec un guide du pays. Une autre façon de visiter. Nous leur proposons de les prendre en photos et ils nous rendent la pareille.
Au Vieux Sukhothaï, nous revenons au Parc Historique pour visiter le musée archéologique. Lucile, toujours armée de son petit dico, fatigue un peu avec les traductions d'anglais mais elle progresse. Le regard suffit souvent pour découvrir et apprécier, entre autres, cette collection de bouddhas de différents styles: lannas, sukhothaï, kmers et birmans, et de nombreuses poteries en vitrine. Malheureusement les photos y sont interdites. A l'extérieur, une reconstitution de four de potier. On s'assoit sous un arbre majestueux. Ah! Le nom est indiqué: "ficus benjamina".
Lucile n'y croit pas en voyant les feuilles du bas qui sont, en fait, celles d'un potos parasitant l'arbre, cependant les feuilles supérieures ne trompent pas. Toujours des fleurs superbes et inconnues.

Repas de midi sur la terrasse de notre chambre, avec un rouleau de papier hygiénique comme serviettes de table. Dans les restaurants, celui-ci est présenté en feuilles dans une "jolie" boîte en plastique, tout de même!
Cet après-midi balade à vélo dans le Parc et ses environs.

Nous découvrons des potiers et des céramistes installés tout près. Lucile voudrait bien acheter un petit lion-dragon d'argile pour notre jardin, mais personne n'a la monnaie de 1000 bahts, Richard a oublié d'en faire ce matin. Nous laissons tomber notre achat à regret, nous consolant en disant qu'il n'aurait pas supporté le voyage sans casse. Plus loin nous nous arrêtons encore pour admirer des femmes au travail. L'une décore des bols, l'autre termine l'assemblage d'un éléphant en terre grise avec une adresse étonnante, mais certainement due à l'habitude car ce sont des objets traditionnels qui ne varient pas.

Nous reprenons nos fiers coursiers pour aller voir un petit temple en réfection sur une île carrée. Des bonzes, en tenue de travail, jupe orange, t-shirt jaune étroit et laissant une épaule nue, rangers aux pieds préparent une chape dont le treillis est fait de bambous refendus et assemblés.
Sur chaque arbre de l'île, une pensée de sagesse en thaï et traduite en anglais comme : "Ne crains pas de marcher lentement, crains de rester immobile"; Ou "Un livre qui reste fermé ne reste qu'un bloc." Ou encore cette dernière : "J'avais six serviteurs, ils furent tous, je crois, mes professeurs. Leur nom est : OU, QUOI, QUI, QUAND, POURQUOI et COMMENT"
Puis nous achetons pour 5 bahts de croquettes pour poissons. C'est alors la surprise, car ces nappes d'eau apparemment paisibles regorgent de monstres impressionnants. A nos pieds, une bordure de planches immergées à dix centimètres de la surface. Nous laissons tomber un à un les granulés pour obliger les gourmands à s'approcher et ainsi pouvoir les photographier. Dans un trou, un pacha se contente d'ouvrir son four rose bordé de longues moustaches. Impressionnant!

Plus loin, une poignée de graines à l'eau et c'est la ruée sauvage: poissons-chats énormes (silures?) et une autre sorte (brèmes?) se chevauchent et s'entremêlent violemment. Des dizaines, des centaines, voire des milliers de poissons plus gros les uns que les autres. Sur le bord du canal, des enfants et des adultes tentent d'attraper les plus gros par leurs nageoires latérales, non sans difficulté, les monstres sont costauds. Grands éclats de rire.
Nous rendons nos vélos juste avant 19 heures, il fait déjà nuit. Nous faisons nos adieux au loueur, très sympathique, de type hindou et parlant très bien anglais. Ce matin, il nous a très gentiment offert un guide annoté de Chiang Maï.
La plus grosse dépense de la journée est le prix de notre chambre, avec télé, climatisation et grande salle de bains pour 350 bahts, soit environ 7 euros. Notre amie Suwanna, professeur d'Université depuis 8 ans, gagne environ 320 euros par mois et nous a dit ne dépenser que 2 euros (100bahts) par jour…