jeudi 27 mars 2008

Vendredi 18 Janvier

Nous sommes partis tout à l'heure de Roissy mais c'était jeudi 17. Enfin tout à l'heure, ça fait six heures, deux films et deux repas. Et surtout mal aux fesses.

8 heures 20. Aéroport d'Abu Dhabi: immense coupole de mosaïque et de béton où traînasse une foule de touristes en escale.

Etrange impression, voici notre second voyage et, déjà, plus de surprise, plus d'émerveillement. La fatigue peut-être, ou sommes nous blasés? Non, bien sûr que non, nous sommes entre deux mondes, en transit sur cette ligne imprécise qui relie La Pichotte à Bangkok, en un instant arrêté entre le quotidien et l'aventure, qui s'étale tout de même sur quinze heures inconfortables, dans ces avions qui tirent leur fil d'un méridien à l'autre.

Et parmi tous ces visages, toutes ces femmes de noir vêtues, voilées jusqu'aux yeux, deux perles sombres à peine entrevues, deux étoiles déjà disparues. Et les hommes en blanc, cercles noirs ou grands turbans soigneusement roulés sur le crâne, rouge, bleu ou à carreaux.

Sous la mer de nuages que nous franchissons, voici enfin la Thaïlande, déjà dans l'ombre et que la nuit recouvre rapidement.

Nous n'avons pas beaucoup dormi dans la deuxième partie du voyage. Encore des repas et deux films ont accéléré le temps.

A l'aéroport de Bangkok, nous éprouvons toujours le même choc devant cette vertigineuse structure moderne où deux personnages mythologiques et gigantesques nous accueillent.

Les formalités se sont passées simplement, nous n'éprouvons plus ce sentiment voisin de la panique qui nous avait étreint l'an passé devant l'immensité du lieu, les informations écrites en thaï ou en un anglais dont nous ne sommes plus si sûrs, devant cette foule cosmopolite qui semble si bien savoir où aller, que faire: nous ne sommes plus des novices!

Après avoir marchandé le prix d'un taxi, nous suivons un rabatteur dans l'ascenseur jusqu'au troisième niveau (comprendre le deuxième, le rez-de-chaussée comptant pour un). Nous montons dans une voiture qui nous mène à notre guest house (pension). Trente-cinq kilomètres de traversée de la géante capitale "by night". Nous passons sous des arcs de triomphe fleuris et illuminés, festonnés de voiles noir et blanc, en hommage à la princesse, sœur du roi, décédée il y a quelques semaines. Nous croisons rapidement palais et temples, une fine tour de 89 étages, telle un minaret, surmontée d'un dôme multicolore.

Notre pension est à Thewet, un quartier tranquille au bord du fleuve. Nous nous frayons presque un passage dans une jungle de plantes en pots. La chambre au prix de 13€ environ est spacieuse, en bois sombre. Le lit de près de deux mètres de large nous invite à un repos longtemps différé. Nous posons nos valises et sortons manger. Trois marchands ambulants sont installés sur le trottoir. Nous choisissons un plat au hasard, copiant nos voisins. Alors que nous supposions avoir des pâtes sautées, c'est un mélange de légumes à la sauce épouvantablement épicée. On nous apporte aussi une assiette de crudités: chou chinois et un fagot de haricots verts, également crus, immangeables. Lucile s'étouffe, pleure, tousse et cale. Seule la Singha beer ressemble à ce que nous attendions